Archive pour décembre 2013
Le Miracle de Bethléem
Le Miracle de Bethléem
L’Annonce faite à Marie
Les choses se passèrent il y a plus de deux mille ans. A l’époque, le peuple d’Israël attendait un sauveur, qui le soustrairait à la domination de rois cruels, qui mettrait fin à la dure condition qui était la sienne et remédierait à ses maux.
Dieu entendit ses prières.
Voici ce que raconte la Bible : « Hérode, qui régnait sur le royaume de Judée, habitait un somptueux palais à Jérusalem, la capitale. Il y donnait des fêtes éblouissantes. Il récompensait richement tous ceux qui le flattaient car c’était un roi très imbu de sa personne. Il était impitoyable avec ceux qu’il considérait comme ses ennemis. Certains, pourtant innocents, avaient subi ses foudres pour avoir été calomniés et dénoncés par des gens mal intentionnés. Le royaume de Juda avait été conquis par les Romains qui l’avaient rattaché à leur empire. L’empereur romain Auguste exerçait son autorité sur ce royaume et c’est ainsi qu’Hérode lui devait obéissance. »
En ce temps-là, il se passa quelque chose de merveilleux au royaume de Judée.
L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès de Marie, une vierge fiancée au charpentier Joseph. L’ange entra chez elle et lui dit : « Je te salue. Le seigneur est avec toi. » Marie fut troublée par cette parole. L’ange la rassura :
– N’aie crainte, Marie ! Dieu t’a choisie. Tu auras un fils et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera roi et on l’appellera Fils du Très Haut.
– Je suis la servante de Dieu. Qu’il me soit fait selon ta parole !
Et l’ange la salua avant de la quitter. C’est ainsi que Marie attendit l’enfant Jésus qui allait délivrer le monde du mal.
L’Etoile au-dessus de l’étable.
En ce temps-là l’empereur romain Auguste ordonné de lever un impôt que paieraient tous les Judéens. Pour savoir combien cela rapporterait à Rome, il chargea le roi Hérode de procéder à un recensement.
Hérode ordonna à tous les hommes de retourner avec leur famille dans le village ou dans la ville où ils étaient nés, et de se faire inscrire sur des listes qui serviraient au recensement de la population. C’était une procédure très compliquée mais Hérode n’avait pas de meilleure idée. Joseph et Marie habitaient la ville de Nazareth mais comme Joseph était né à Bethléem, il dut s’y rendre en compagnie de Marie, devenue entre-temps son épouse.
Le voyage fut particulièrement pénible pour Marie qui allait bientôt mettre au monde Jésus. C’est à dos de mule qu’elle franchit la distance séparant les deux villes. Marie resta silencieuse presque tout le temps. Joseph guidait la mule qu’il tenait par la bride. Celle-ci progressait lentement à travers les montagnes si bien que le voyage dura plusieurs jours.
Ils finirent par arriver à Béthléem où ils ne trouvèrent pas à se loger. Il n’y avait pas de place pour eux dans les auberges et ils ne connaissaient personne qui puisse les accueillir dans sa maison. Tout comme Marie et Joseph, beaucoup de gens s’étaient déplacés pour se faire recenser. Joseph désemparé, chercha un endroit pour passer la nuit. Une femme lui indiqua le chemin pour se rendre à une étable, à l’extérieur de la petite ville.
C’est là que Marie donna naissance à Jésus. Elle le langea, l’emmaillota et le coucha dans la mangeoire. Une étoile se mit à briller d’un éclat incomparable au-dessus de l’étable.
Il y avait dans cette même contrée des bergers qui gardaient leurs troupeaux. Un ange à l’éclat céleste leur apparut et ils furent saisis de frayeur. Mais l’ange leur dit : « N’ayez pas peur car je vous annonce une bonne nouvelle. Aujourd’hui à Bethléem est né le Sauveur. Voici à quoi vous le reconnaîtrez : vous trouverez un enfant emmailloté et couché dans une crèche. »
La lueur céleste se transforma en une lumière éblouissante, si bien qu’il fit jour en pleine nuit. Soudain apparut une multitude d’anges qui se mirent à chanter :
« Gloire à Dieu dans les lieux très hauts et paix sur la terre pour ceux qu’il aime ! »
Les bergers retenaient leur souffle. Même les moutons et les brebis se tenaient immobiles. Les anges s’arrêtèrent de chanter et la lumière céleste disparut. Seule, l’étoile continuait de briller au-dessus de l’étable. L’un des bergers dit : « Allons jusqu’à Bethléem et voyons ce qui est arrivé ! »
L’étoile leur indiquait le chemin.
Ils y trouvèrent Marie et Joseph de même que l’enfant couché dans la crèche. Ils s’agenouillèrent et prièrent. Le lendemain, ils racontèrent à des amis et à des connaissances ce qu’ils avaient vécu, et tous furent très étonnés.
Les Mages venus d’Orient
En Orient, du côté de l’horizon où le soleil se lève, vivaient trois Mages. Ils savaient lire dans les étoiles ce qui arriverait aux hommes. Au cours d’une nuit, ils virent une étoile briller intensément dans le ciel, au lointain. Ils l’identifièrent comme étant « l’étoile du roi », celle qui annonçait la naissance d’un puissant souverain et peut-être même la naissance d’un sauveur. Ils enfourchèrent leur chameau et prirent la direction que leur indiquait l’étoile. Ils voulaient aller voir l’enfant de roi et lui apporter des cadeaux.
L’étoile conduisit les trois Mages à proximité de Jérusalem avant de disparaître.
– C’est bien là, à Jérusalem, qu’habite Hérode, dirent-ils.
– L’enfant de roi est certainement né dans un palais, ajoutèrent-ils.
Ils se firent conduire au palais d’Hérode, se prosternèrent devant lui et demandèrent :
– Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?
– Nous avons vu son étoile et nous sommes venus pour l’adorer.
– Nous croyons que c’est le sauveur attendu par bien des gens.
En apprenant cela, le roi Hérode sursauta. Il ignorait tout de la naissance de ce nouveau roi. La roi de Judée, c’était lui, Hérode, et lui seul. Il devait certes se plier aux volontés de l’empereur romain Auguste mais c’était néanmoins lui, le roi. Et il voulait le rester de longues années encore. L’idée que l’enfant puisse un jour le détrôner lui traversa l’esprit. « Je dois tout faire pour empêcher cela, » se dit-il.
S’adressant aux Mages, il les invita à se reposer.
– Je vais demander que l’on vous apporte à boire et à manger. Dans l’intervalle, je m’informerai pour savoir où est né l’enfant.
– N’est-il pas né dans ton palais ? demandèrent les Mages étonnés.
– Non, répondit tristement Hérode. Je n’ai pas de fils, ajouta-t-il attristé.
Le roi convoqua les scribes les plus célèbres et leur demanda où était né le sauveur.
« A Bethléem, en Judée, répondirent-ils. Car c’est ce qui a été écrit par le prophète. »
Alors Hérode retourna auprès des Mages et leur dit :
« Allez à Bethléem et cherchez dans cette ville l’endroit où il est né. Lorsque vous l’aurez trouvé, faites-le moi savoir pour que j’aille adorer l’enfant. »
Les Mages quittèrent Jérusalem et virent à nouveau l’étoile. Ils la suivirent, le cœur empli de joie. L’étoile qui semblait progresser dans le ciel s’immobilisa au-dessus de l’étable où ils trouvèrent Marie, Joseph et l’enfant. Quand ils virent l’enfant, ils surent que c’était le sauveur et ils s’agenouillèrent devant lui. Ils lui offrirent de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
La Fuite en Egypte
Les trois Mages ne retournèrent pas au palais d’Hérode. Dieu leur était apparu en songe et leur avait ordonné de rentrer chez eux par un autre chemin. Après leur départ, un ange envoyé par Dieu apparut en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi, fuis en Egypte avec l’enfant et sa mère ! Dépêche-toi car Hérode cherche l’enfant pour le faire périr ! »
Cette nuit-là, Joseph fuit en Egypte avec l’enfant et la mère de celui-ci.
Hérode comprenant que les Mages s’étaient joués de lui, se mit dans une grande colère. Il envoya des hommes qui tentèrent en vain de retrouver les fuyards. Mais l’ange envoyé par Dieu protégeait Joseph, Marie et l’enfant, les dissimulant aux regards des ennemis.
Après la mort d’Hérode, l’ange du Seigneur apparut une nouvelle fois en songe à Joseph, à qui il permit de retourner en Judée avec Marie et l’enfant Jésus. Ils partirent pour Nazareth. C’est là que Jésus passa son enfance et sons adolescence.
Prière de la veillée de Noël.
Bientôt Noël
C’est la nuit, tout est calme.
Dans la maison, le sapin est paré
de mille couleurs.
Dehors, sous la voûte étoilée,
la ville scintille.
Demain, toute la famille se réunira.
Et moi, Seigneur, je t’attends joyeusement.
Tu es invisible à mes yeux,
mais je le sais, tu es là pour moi.
Sois pour moi la lumière qui éclaire mon chemin !
Conte provincial de Noël – La légende de Saint Tropez
Le père Issambre est un vieux pêcheur, l’un des derniers sans doute, à tirer la « traîne » dans le Golfe de Saint-Tropez. Il connaît bien sa côte, de l’anse de Saint-Raphaël au cap Camarat, c’est son domaine. Il en connaît aussi à merveille les légendes et les traditions.
Combien de fois dans sa petite maison, près des anciens moulins de Bertaud, ne m’a-t-il pas parlé des cimetières d’amphores, du trésor de la Tour des Templiers, des batailles navales contre les Espagnols ou des combats contre les Sarrazins de la Garde-Freinet. Le folklore des Maures et de l’Esterel n’a pas de secrets pour lui.
Il est extrêmement têtu et n’admet pas le moindre doute sur ses propos. C’est ainsi qu’il n’a jamais voulu reconnaître que le fameux saint Tropez ne serait peut-être que saint Eutrope, évêque de Saintes-en-Saintonge, martyrisé au IIIe siècle, dont on aurait honoré la mémoire en baptisant de son nom le port méditerranéen devenu si célèbre.
Pour lui, Tropez était bel et bien un enfant du pays, né à Gassin, devenu saint à la suite d’un événement extraordinaire survenu pendant la nuit de Noël de l’an 600 de notre ère. Cette légende, il la tient des anciens, qui la tenaient eux-mêmes des anciens de leurs anciens ; autant dire qu’elle est la vérité vraie et la voici…
En ce temps-là, n’existaient bien entendu ni Saint-Tropez, ni Sainte-Maxime, ni le beau golfe qui les sépare. Du cap Saint-Pierre à celui des Sardinaux qui est en face, s’étendait du massif des Maures à travers des prairies, des boquetaux de lauriers-roses, des touffes de romarin odorant, des bouquets de mimosas et de genêts qui embaumaient en toutes saisons cet espace abrité dont la pente douce conduisait à la mer sur laquelle on voyait passer, au large, des galères byzantines gagnant le vieux port romain de Fréjus qui était encore Forum Julii.
Alors, vivait un jeune homme d’une vingtaine d’années, appelé Tropez. C’était un poète. Il aimait chanter en de beaux vers latins le charme de son pays, la vie des pêcheurs et des paysans, les jeux de la jeunesse et la beauté des filles parmi lesquelles une surtout, lui paraissait la plus pure et la plus jolie. On la nommait Maxime ; elle était sa cousine, orpheline recueillie par sa vieille grand-mère, qui habitait le hameau de La Nartelle. Elle avait 18 ans et depuis son enfance connaissait Tropez qu’elle rencontrait souvent, car en suivant la plage, il fallait peu de temps pour le rejoindre ; c’est pourquoi le soir, quand l’aïeule était endormie, elle allait retrouver son poète aux bords du Giscle dont les méandres traversaient la prairie.
Là, pendant de longues heures, regardant la marche des astres, il se grisaient de poésie, parlaient de choses surnaturelles, car ils étaient chrétiens tous les deux. Leur oncle Aygulf, abbé de Lérins, priait tous les jours pour qu’ils restassent saints. Or, ce soir-là était celui de Noël. La nuit répandait une douceur printanière, un beau croissant de lune se levait sur la mer parmi les étoiles scintillantes auxquelles paraissaient répondre les clignotantes lumières des hameaux de pêcheurs le long de la côte.
Maxime et Tropez s’étaient assis sur un rocher, écoutant le doux ressac de la vague, sans mot dire, seulement émus par la paix auguste, qui semblait à cette heure, descendre sur la terre en attente. Puis Tropez parla. Elle l’écoutait avec ravissement lui dire, en ce soir de Nativité, l’églogue dans laquelle Virgile avait prédit la naissance de l’Enfant divin et la venue d’un ordre nouveau. Ce soir-là il récita des stances dont il était l’auteur, poésie profane, sans doute, car elle chantait sur un mode passionné une fille dans laquelle Maxime se reconnut en rougissant. Elle posa le creux de sa main sur la bouche du poète ; alors il y déposa un baiser brûlant. Ainsi passaient les heures en cette nuit de Noël. Elles passaient même trop vite aux yeux des deux chastes amoureux – car c’était bien un amour qu’ils n’osaient s’avouer qui les poussait à ses rencontres clandestines.
La Messe de minuit avait déjà rassemblé dans la chapelle de Sainte-Anne les paysans de Gassin, les meuniers de Bestagne et les pêcheurs de Pampelone ; elle allait même s’achever. Mais les deux enchantés n’étaient plus sur la terre ; ils avaient tout oublié : la Sainte nuit, la messe et l’atmosphère sacrée du mystère de Noël. Ils s’enivraient de poésie sous les étoiles.
« Mon Dieu, Tropez ! s’écria brusquement Maxime ; je vois là-haut, des lumières qui se dispersent dans les chemins ; ceux qui les portent, semblent regagner leur demeure… »
Ils se mirent soudain à courir tout au long de la plage, comme pris d’une angoisse mortelle. A perdre haleine, ils escaladèrent l’âpre colline où se dresse encore l’humble sanctuaire de Sainte-Anne. Les gens qui en descendaient les regardaient avec étonnement.
Malédiction ! La messe était dite. Des cierges achevaient de se consumer dans la nef déserte où flottait un parfum d’encens. Tropez et Maxime tombèrent à genoux, désespérés, battant leur coulpe. Ils demeurèrent un long moment la tête entre leurs mains, de lourdes larmes glissant entre leurs doigts. Soudain l’on entendit des cris dehors :
« Miracle ! Miracle ! s’écriaient des paysans en se signant. Noël ! Merveille ! »
Les deux jeunes gens sortirent sur le seuil de la chapelle. Alors, ils virent dans la nuit claire, le plus grandiose des spectacles : en bas, à leurs pieds, vague après vague, avec une souveraine lenteur, la mer s’avançait dans la vallée, submergeant les prés et les landes d’un flot paisible et inexorable en une grande marée comme on en voit aux bords de l’océan. La terre disparaissait peu à peu sous le déferlement du flux marin, déjà s’éloignait la côte du septentrion et les vagues avançaient toujours…
Elles s’arrêtèrent enfin. Maintenant, un golfe spacieux s’étendait jusqu’au loin, la lune jetait sur lui un manteau argenté et scintillant. Ce golfe devait séparer à jamais Maxime et Tropez. C’était l’arrêt du ciel que comprirent les deux enfants et pour confirmer le miracle, les cloches des églises et des chapelles voisines se mirent à sonner à toute volée sans que personne n’en eût tiré les cordes.
Au petit matin, ce fut dans une barque de pêcheurs que Maxime regagna La Nardelle. Tropez, sur les rochers du cap Saint-Pierre, regarda tristement s’éloigner la nacelle. Ils ne devaient jamais plus se revoir. Mais tous les ans, pendant longtemps, deux feux s’allumaient la nuit de Noël ; l’un sur le cap des Sardinaux, l’autre sur le cap Saint-Pierre. C’était le double message du souvenir. En voyant s’en élever les flammes, les pêcheurs se signaient et disaient : « Saint Tropez parle à Sainte Maxime ».
Les feux s’éteignirent quand les deux saints entrèrent au paradis. Quant à Saint Aygulf qui avait tant demandé un miracle, il donna son nom à l’agglomération qui depuis paraît surveiller les deux côtés du golfe, pour voir, semble-t-il, si par hasard, Saint-Tropez n’irait pas un jour s’unir à Sainte-Maxime.